
16.05.2023
- MNT – un problème global de santé publique
- L’allaitement réduit les facteurs de risque pour les MNT
- Il faut communiquer autour des bienfaits de l’allaitement
- MNT et Covid-19
- Allaitement et santé générale
- Allaitement et santé infantile
- Allaitement et santé de la femme
- Allaitement – mesure de prévention contre l’obésité (enfant et adulte)
MNT – un problème global de santé publique
Une maladie non transmissible (en abrégé MNT) est une maladie non infectieuse et non transmissible entre personnes. L’obésité, le diabète, les cancers, les maladies cardio-vasculaires sont des MNT. En 2019, l’Assemblée mondiale de la Santé a prolongé le Plan d’action mondial de l’OMS pour la lutte contre les (MNT) 2013-2020 jusqu’en 2030. Voir la page OMS sur les principaux faits concernant les MNT https://www.who.int/fr/news-room/fact-sheets/detail/noncommunicable-diseases
L’allaitement réduit les facteurs de risque pour les MNT
Un moyen important de lutter contre les MNT consiste à se concentrer sur la réduction des facteurs de risque associés à ces maladies. Certains comportements, tels que le tabagisme, l’inactivité physique, une mauvaise alimentation et l’usage nocif de l’alcool, peuvent être modifiés afin de réduire le risque de MNT. Favoriser l’allaitement contribue également à réduire ce risque, aussi bien pour la santé de l’enfant que pour la santé de la mère. L’allaitement est associé à un poids corporel normal, un métabolisme de l’insuline normal, à une bonne santé physique et mentale sur le long terme. Autrement dit, le non-allaitement favorise le surpoids voire l’obésité, le diabète, les cancers, les maladies cardiovasculaires, l’hypertension…
Il faut communiquer autour des bienfaits de l’allaitement
L’allaitement est une valeur fondamentale indiscutable pour la santé de l’enfant et de la mère. C’est un fil conducteur pour la prévention et la santé en Suisse aussi. Il est donc important de communiquer pour
- renforcer l’information des femmes, des parents, des employeurs, du monde médical au sujet des bienfaits de l’allaitement,
- soutenir les femmes qui choisissent d’allaiter, tout au long de la durée d’allaitement,
- investir dans la formation des professionnels de la santé au sujet de l’allaitement,
- agir sur la sensibilisation des décideurs en faveur du soutien et de l’information concernant l’allaitement,
- créer une société bienveillante pour l’allaitement.
Nous devons garder à l’esprit que l’allaitement est la base de la santé publique et au centre de la prévention.
MNT et Covid-19
L’allaitement est doublement important pour se protéger contre le SARS-CoV2 dans la mesure où
- les MNT sont des facteurs de risque qui aggravent un épisode Covid-19,
- le lait maternel transmet de nombreux facteurs immunoprotecteurs à l’enfant. (voir ici https://www.gifa.org/international/immunologie/#htoc-covid-19-allaitement-lait-maternel-et-syst-me-immunitaire)
Allaitement et santé générale
2023 Wang X et al. Breastfeeding in infancy and mortality in middle and late adulthood: A prospective cohort study and meta-analysis. « During a total of 4732,751 person-years of follow-up, 25,581 deaths were identified. Breastfeeding in infancy was associated with lower risks of mortality in middle and late adulthood, with adjusted HRs (95% CIs) of 0.95 (0.93–0.98) for all-cause mortality; 0.91 (0.87–0.96) for cardiovascular mortality and 0.94 (0.874–0.999) for respiratory mortality. » Breastfeeding in infancy is associated with a lower risk of mortality – even decades later – in middle and late adulthood.
Allaitement et santé infantile
Voir aussi la page Immunologie L’allaitement est l’alimentation optimale pour l’enfant. La Société Suisse de Pédiatrie écrit en 2017 :
Effets bénéfiques sur la santé
Le lait humain a non seulement des effets protecteurs immédiats au cours des premiers mois de la vie (prévention des infections, notamment des infections gastro-intestinales et des voies respiratoires, ainsi que des otites), mais également des effets bénéfiques à long terme sur la santé, que l’on observe encore après plusieurs années. L’allaitement protégerait ainsi des maladies auto-immunes telles que le diabète de type 1, les maladies inflammatoires chroniques de l’intestin, les allergies et la cœliaquie, il réduirait le risque de surpoids et d’adiposité, le risque de développer un diabète de type 2, le risque d’hypertension, le risque d’hypercholestérolémie, le risque de développer une leucémie aiguë lymphoblastique, et il améliorerait également le développement cognitif de l’enfant, ce qui se traduit par un quotient intellectuel plus élevé. De fait, le lait humain est déterminant pour la santé d’un individu, et ses effets continuent de se faire sentir des années et même des décennies après la période d’allaitement. Source : https://www.paediatrieschweiz.ch/fr/recommandations-pour-lalimentation-des-nourrissons-2017/
L’allaitement protège contre le cancer chez l’enfant
2021 Su Q et al. Breastfeeding and the risk of childhood cancer: a systematic review and dose-response meta-analysis. Forty-five articles involving 475,579 individuals were included in the meta-analysis. Our study supports a protective role of breastfeeding on the risk of childhood leukemia, also suggesting a non-linear dose-response relationship. Further studies are warranted to confirm the association between breastfeeding and risk of childhood neuroblastoma.
2018 Greaves M. A causal mechanism for childhood acute lymphoblastic leukaemia ALL. « Most cases of childhood ALL are potentially preventable. But how? Lifestyle changes including day care attendance or protracted breastfeeding in the first year of life can be advocated but would be difficult to achieve. » – Malgré la conclusion dubitative de l’auteur de cet article, GIFA pense que cette voie de redonner la place et le soutien à l’allaitement comme facteur préventif de l’ALL est une mesure réaliste.
2015 Efrat L et al. Breastfeeding and Childhood Leukemia Incidence Childhood cancer is a leading cause of mortality among children and adolescents in the developed world and the incidence increases by 0.9% each year. Leukemia accounts for about 30% of all childhood cancer but its etiology is still mostly unknown. The meta-analysis of all 17 studies indicated that compared with no or shorter breastfeeding, any breastfeeding for 6 months or longer was associated with a 20% lower risk for childhood leukemia (odds ratio, 0.80; 95% CI, 0.72-0.90). Conclusions and Relevance Breastfeeding is a highly accessible, low-cost public health measure. This meta-analysis indicates that promoting breastfeeding for 6 months or more may help lower childhood leukemia incidence, in addition to its other health benefits for children and mothers.
Allaitement et santé de la femme
L’allaitement ne consiste pas seulement à nourrir un enfant, des processus importants ont lieu dans le corps de la femme qui allaite et ont une influence positive à long terme sur sa santé. Par conséquent l’allaitement présente également de nombreux bénéfices pour la santé maternelle. Il favorise la perte de poids en post-partum, abaisse le risque de diabète de type 2, d’hypertension, de pathologies cardiovasculaires, de cancer du sein et des ovaires, contribue à prévenir l’anémie et l’ostéoporose, aide à l’espacement des naissances (MAMA) et favorise l’attachement par la création d’un lien mère-enfant solide.
L’allaitement protège contre le cancer chez la femme
- Ligue contre le cancer : https://www.krebsliga.ch/krebs-vorbeugen/praevention-und-frueherkennung/stillen/
- 2020 : Association between breastfeeding and ovarian cancer risk. Babic A et al. JAMA Oncol 2020. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/32239218/
- 2020 : Breastfeeding and risk of breast cancer: a meta-analysis of published studies. Bernier MO et al. Human Reproduction Update, Volume 6, Issue 4, July 2000, Pages 374–386, https://doi.org/10.1093/humupd/6.4.374
- 2018 : Impact de la parité et de l’allaitement sur le risque de divers sous-types de cancers ovariens. Histological subtypes of ovarian cancer associated with parity and breastfeeding in the prospective Million Women Study. Gaitskell K et al. Int J Cancer 2018 ; 142(2) : 281-9.
- 2018 : Reproductive history, breast-feeding and risk of tripple negative breast cancer : the Breast Cancer etiology in Minorities (BEM) study. John EM et al. Int J Cancer 2018 ; 142(11) : 2273-85. Mots-clés : cancer du sein triple négatif, facteurs reproductifs, allaitement.
- 2017 : Le World Cancer Research Fund et l’American Institute for Cancer Research ont émis une série de 10 grandes recommandations pour prévenir le cancer, dont une portant sur l’allaitement. La protection de l’allaitement face au risque de cancer du sein : « strong evidence ». World Cancer Research Fund/American Institute for Cancer Research. https://www.wcrf.org/int/continuous-update-project/cup-findings-reports/breast-cancer
- 2017 : Grossesse, allaitement, ménopause et risque de cancer du sein chez des femmes coréennes. Risk reduction of breast cancer by childbirth, breastfeeding, and their interactions in Korean women : heterogeneous effects across menopausal status, hormone receptor status, and pathological subtypes. Jeong SH et al. J Prev Med Public Health 2017 ; 50 : 401-10.
- 2016 : Allaitement et expression du Ki-67, du p54 et du BCL2 dans les cancers du seinBreastfeeding and immunohistochemical expression of Ki-67, p53 and BCL2 in infiltrating lobular breast carcinoma. Gonzalez-Sistal A et al. PloS ONE 2016 ; 11(3) : e0151093.
- 2014 : Allaitement et prévention du cancer du sein. Breastfeeding and the prevention of breast cancer : a retrospective review of clinical history. González-Jiménez E et al. J Clin Nurs 2014
- 2013 : Facteurs reproductifs, récepteurs hormonaux, et risque de cancer du sein. Association between chronological change of reproductive factors and breast cancer risk defined by hormone receptor status : results from the Seoul breast cancer study. Chung S et al. Breast Cancer Res Treat 2013 ; 140(3) : 557-65.
- 2013 : Lactation et risque de cancer du sein après la ménopause. Investigating the association of lactation history and postmenopausal breast cancer risk in the Women’s Health Initiative. Stendell-Hollis NR et al. Nutr Cancer 2013 ; 65(7) : 969-81.
- 2012 : Allaitement et réduction du risque de cancer du sein. Breastfeeding and its relationship with reduction of breast cancer : a review. Franca-Bothelho Ado C et al. Asian Pac J Cancer Prec 2012 ; 13(11) : 5327-32.
- 2002 : Lancet. 2002 Jul 20;360(9328):187-95. L’équipe du Pr Valérie Beral du Centre de recherche sur le cancer d’Oxford a prouvé qu’un allaitement prolongé diminue le risque d’apparition de ce cancer. Les chercheurs ont ainsi réuni les données de 47 études réalisées dans 30 pays différents, et portant au total sur près de 150 000 femmes : Résultat de l’étude Lancet 2002 1) Les femmes présentant un cancer avaient allaité moins souvent, et moins longtemps que les témoins. 2) Le risque de cancer était diminué de 4,3 % pour une année d’allaitement supplémentaire (sachant que le risque était déjà diminué de 7 % pour chaque naissance).
Anémie
Il contribue à retarder le retour des couches et agti, dans certaines conditions, comme une contraception naturelle. Il permet une involution rapide de l’utérus après la grossesse par les contractions musculaire (l’utérus est avant tout un muscle) sous l’effet de l’ocytocine naturellement diffusé dans le corps au courant de l’allaitement.
Hypertension
Il a un effet protecteur sur l’hypertension
- Effect of lactation on maternal hypertension : a systematic review. Bonifacino E et al. Breastfeed Med 2018 ; 13(9) : 578-88. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/30299974/
Prévention de maladies cardio-vasculaires
L’allaitement abaisse le risque d’endométriose.
- History of breast feeding and risk of incident endometriosis : prospective cohort study. Farland LV et al. BMJ 2017 ; 358 : 3778)
Retrouver son poids normal
L’allaitement exclusif de plus de 6 mois est associé à une taille plus fine.
- Breastfeeding Greater Than 6 Months Is Associated with Smaller Maternal Waist Circumference Up to One Decade After Delivery. GG Snyder et al. Journal of Women’s Health, Vol. 28, No. 4, 22 April 2019.)
Santé mentale maternelle
L’allaitement a aussi dans une certaine mesure un impact positif sur la santé mentale maternelle. Mais le vécu de la mère qui souhaite allaiter et rencontre des difficultés représentait aussi un facteur de stress et de détresse important. Cet état de fait consolide l’idée qu’il faut un soutien adéquant et adaptée à toute femme qui désire allaiter.
Une étude de 2022 conclut que globalement, l’allaitement était corrélé à une meilleure santé mentale maternelle. Toutefois, cet impact était influencé par le déroulement de l’allaitement, avec les difficultés rencontrées, avec une discordance entre les attentes maternelles et son vécu, avec l’importance accordée à l’allaitement par la mère dans son rôle de mère. D’autres recherches sur le sujet sont nécessaires.
- The effects of breastfeeding on maternal mental health : a systematic review. Yuen M et al. J Womens Health 2022 ; 31(6) : 787-807. https://pubmed.ncbi.nlm.nih.gov/35442804/
Allaitement – mesure de prévention contre l’obésité (enfant et adulte)
L’obésité (infantile ou adulte) est multifactorielle. L’allaitement contribue de diverses façons à protéger l’enfant (qui est le futur adulte)
- le lait maternel (LM) est un liquide physiologique et bio-dynamique qui s’adapte aux besoins de l’enfant et garde des valeurs nutritive et immuno-protrectrice pendant toute la durée de l’allaitement (même après 2 ans)
- le LM nourrit le microbiote et les bonnes bactéries du bébé
- le LM apporte des hormones qui permettent de réguler l’appétit et le métabolisme des graisses (ghréline, leptine, adiponectine, apeline e.a.
- le LM forme le goût de l’enfant par sa variété et le prépare à la diversification
- le LM prépare le passage à la table familiale sans obligatoirement passer par des aliments industriels transformés
Il est important de souligner le rôle de l’allaitement dès le début de la nutrition pour jeter les bonnes bases à une régulation métabolique saine et un équilibre du poids corporel. Souvent, le surpoids et l’obésité sont directement liés à la survenue d’un diabète 2 au point où on parle aujourd’hui de l’épidémie de la « diabesity » (contraction anglaise de diabetes and obesity). Les coûts induits sont considérables; en Suisse, 10 % des adultes et 5 % des enfants sont touchés : https://www.bag.admin.ch/bag/fr/home/gesund-leben/gesundheitsfoerderung-und-praevention/koerpergewicht/uebergewicht-und-adipositas/kosten-uebergewicht-und-adipositas.html
Références allaitement et obésité
- 2019 Association between Characteristics at Birth, Breastfeeding and Obesity in 22 Countries: The WHO European Childhood Obesity Surveillance Initiative – COSI 2015/2017 A World Health Organization (WHO) study of 16 countries across Europe has found that breastfeeding can cut the chances of a child becoming obese by up to 25%. In absolute terms, 16.8% of children who were never breastfed were obese, compared with 13.2% who had been breastfed at some time and 9.3% of children breastfed for six months or more.
- Breastfeeding Reduces Childhood Obesity Risks, 2017, Wang L., Collins C., Ratliff M., Xie B. and Wang Y., Childhood Obesity, 2016, 13 (3), 197-204.
- Early life nutrition, epigenetics and programming of later life disease. Vickers MH1. Nutrients. 2014 Jun 2;6(6):2165-78. doi: 10.3390/nu6062165.
- Epigenetic mechanisms linking early nutrition to long term health. Lillycrop, K.A.; Burdge, G.C. Best Pract. Res. Clin. Endocrinol. Metab. 2012, 26, 667–676.
- Breastfeeding in the 21st century: Epidemiology, mechanisms, and lifelong effect. Victora, C.G.; Bahl, R.; Barros, A.J.; França, G.V.; Horton, S.; Krasevec, J.; Murch, S.; Sankar, M.J.; Walker, N.; Rollins, N.C.; Lancet Breastfeeding Series Group. Lancet 2016, 387, 475–490.
- Breast fed babies may have a high BMI, but are less overweight at age 5 years. Von Kries R, Koletzko B, Adv Exp Med Biol. 2000;478:29-39.