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A Baku, la journée du 19 novembre 2024 est consacrée aux thématiques alimentation, agriculture et journée de l’eau. Autant d’enjeux où l’allaitement peut faire la différence !

Menaces sur l’alimentation mondiale – rôle de l’allaitement

Les menaces pesant sur l’alimentation mondiale sont nombreuses et souvent interconnectées, pesant sur la sûreté et la sécurité alimentaire des décennies à venir. Voici une liste des principales menaces et un argumentaire pourquoi l’allaitement (1) fait partie des mesures face à ces menaces.

(1) L’allaitement, dans cette déclaration, est défini comme allaitement exclusif durant les six premiers mois, avec poursuite de l’allaitement jusqu’à deux ans ou plus, parallèlement à la diversification avec des aliments complémentaires sûrs et nutritifs, préparés à partir de produits locaux et issus de l’agriculture durable. L’allaitement au sens de greenfeeding signifie une alimentation qui évite tout aliment ultratransformé (UPF) que ce soit les préparations pour nourrissons, des laits artificiels ou tout autre aliment pour bébé hautement transformé industriellement.

1. Changements climatiques

  • Sécheresses, inondations et phénomènes extrêmes : Les événements climatiques extrêmes impactent les rendements agricoles, en particulier dans les régions vulnérables comme l’Afrique subsaharienne et l’Asie du Sud.
  • Réchauffement global : Des températures plus élevées affectent la productivité des cultures (comme le maïs et le blé) et des zones de pêche.
  • Érosion des sols et désertification : L’utilisation intensive des sols et les pratiques agricoles non durables appauvrissent les terres cultivables, réduisant leur rendement.

Impact positif de l’allaitement : Pas de nécessité de recourir à des produits artificiels ultra-transformés comme les préparations pour nourrissons qui nécessitent fabrication industrielle, eau, emballages, plastiques et transports qui contribuent aux changements climatiques.

2. Croissance démographique et urbanisation

  • La population mondiale devrait atteindre environ 10 milliards d’ici 2050, ce qui augmentera la demande alimentaire. Or, cette demande accrue exercera une pression sur les ressources déjà limitées (eau, sols).
  • L’urbanisation rapide réduit également la quantité de terres arables disponibles, car les villes s’étendent souvent sur des zones agricoles.

Impact positif de l’allaitement : L’allaitement est un moyen naturel de contraception, il contribue à l’espacement des grossesses, au planning familial et à la bonne santé des femmes et des enfants, donc il soutient la bonne santé de la population et cela même dans un contexte d’urbanisation.

3. Pression sur les ressources en eau

  • L’agriculture est responsable de près de 70 % de la consommation mondiale d’eau douce. La rareté de l’eau est déjà un problème dans certaines régions, et elle devrait s’aggraver avec le réchauffement climatique, les sécheresses prolongées et la concurrence entre usages domestiques, industriels et agricoles.
  • La salinisation des sols (due à l’irrigation excessive dans certaines régions) limite également les terres cultivables.

Impact positif de l’allaitement : Un enfant exclusivement allaité durant 6 mois consomme environ (6 x 30 jours x 800 ml) 1440 litres de lait maternel. En comparaison, 1 kg de lait en poudre nécessite l’équivalent de 7000 litres d’eau, tout usage confondu. Allaiter permet d’utiliser à bon escient nos ressources planétaires en eau.

4. Déclin de la biodiversité et pollinisateurs

  • La biodiversité agricole, qui inclut la variété des espèces végétales et animales, est cruciale pour la résilience des systèmes alimentaires. Or, elle est menacée par l’agriculture intensive, la déforestation, et l’utilisation excessive de pesticides.
  • Le déclin des populations d’insectes pollinisateurs (comme les abeilles) affecte directement la production de nombreuses cultures, notamment celles qui dépendent de la pollinisation.

Impact positif de l’allaitement : Un bébé allaité n’a pas besoin de préparations pour nourrissons à base de lait d’animaux. Par conséquent, pas besoin de cheptel pour produire du lait en poudre, moins de déforestation afin de planter du soja pour nourrir le bétail, et moins de pesticides pour augmenter les récoltes pour nourrir les animaux produisant du lait à transformer en laits artificiels.

5. Défis économiques et inégalités d’accès

  • Dans de nombreuses régions, les populations pauvres peinent déjà à se procurer de la nourriture en raison de coûts élevés. Les inégalités d’accès aux ressources agricoles, aux technologies et aux marchés renforcent cette précarité.
  • La volatilité des prix des denrées, causée par des facteurs comme les spéculations financières, les guerres commerciales, et les crises énergétiques, rend également l’alimentation moins accessible, en particulier pour les populations vulnérables.

Impact positif de l’allaitement : L’allaitement procure un aliment local, sain et renouvelable à volonté, accessible à toutes les couches socioéconomiques, un produit parfaitement ciblé pour chaque bébé individuellement par sa mère. Cela allège la dépendance à l’égard de ressources coûteuses telles que le lait artificiel et l’eau en bouteille. Le lait maternel est un aliment de base, produit localement sans emballages, sans plastiques, sans transports, sans les aléa de disponibilités, sans rupture de stock et sans augmentation de prix.

6. Dégradations écologiques et pollution

  • L’utilisation excessive de fertilisants chimiques et de pesticides pollue les sols et les eaux, compromettant la qualité de l’eau potable et la santé des écosystèmes aquatiques.
  • La déforestation pour l’agriculture, en particulier pour la culture de soja et l’élevage bovin, entraîne des pertes de biodiversité et contribue aux émissions de gaz à effet de serre.

Impact positif de l’allaitement : Comme pour le point 4, pas besoin de cheptel, pas besoin de déforestation pour planter du soja pour nourrir le bétail, pas besoin de pesticides pour augmenter les récoltes dans le but de nourrir des vaches laitières, pas besoin ni d’emballages ni de plastiques qui polluent.

7. Changement des habitudes alimentaires et demande en protéines animales

  • La demande croissante en protéines animales dans les pays en développement met sous pression les terres et ressources pour l’élevage. L’élevage intensif est une source importante de gaz à effet de serre et exige des quantités considérables d’eau et de céréales.

Impact positif de l’allaitement : L’allaitement fournit aux bébés un aliment équilibré et suffisant pour les 6 premiers mois, et sera complété par un apport complémentaire en aliments solides après 6 mois. Les aliments locaux et de la tradition familiale permettront le passage à une alimentation adéquate et produite localement, sur la base des savoirs ancestraux de la population en matière des ressources alimentaires du pays.

8. Technologies, mondialisation, dépendance au commerce international

  • La mondialisation de la chaîne alimentaire signifie que des perturbations (comme la pandémie de COVID-19) peuvent affecter l’approvisionnement mondial.
  • La dépendance à l’égard des cultures OGM, bien que bénéfique pour certains rendements, suscite aussi des préoccupations concernant la résilience et l’impact à long terme sur l’écosystème et la santé.

Impact positif de l’allaitement : « Low tech », l’allaitement ne nécessite pas des recherches sur la qualité. Grâce aux processus physiologiques qui prennent place dans le corps de la mère qui allaite, elle produit les ingrédients nécessaires à la bonne santé de l’enfant et renforce sa propre santé à elle. Pas besoin de technologies sophistiquées, la mère produit un aliment de haute valeur, sans dépendance du marché mondial.

9. Pandémies et maladies végétales

  • Le réchauffement climatique facilite la propagation de maladies et de ravageurs dans de nouvelles régions. Cela affecte les rendements agricoles et exige une utilisation accrue de pesticides.
  • Les pandémies peuvent également perturber les chaînes d’approvisionnement et affecter la production et la distribution alimentaires, notamment les produits industriels comme le lait en poudre pour bébés.

Impact positif de l’allaitement : Plus notre alimentation est dénaturée, plus nous nous exposons à des maladies, transmissibles (infectieuses) et non transmissibles (chroniques). L’état de santé des humains est un reflet de l’état de santé de notre environnement et des produits et animaux que nous consommons. Selon le concept de «One Health» l’allaitement est l’alimentation saine prévue pour notre espace dès le départ dans la vie, et en harmonie avec la planète et les ressources.

Plus les aliments sont transformés, plus le processus de fabrications risque de les contaminer. Les laits artificiels et autres préparations pour nourrisson sont sujets à des contaminations bactériennes (salmonelles, cronobacter sakazakii e.a.), chimiques et par des métaux toxiques.

10. Perte et gaspillage alimentaire

  • Environ un tiers de la production alimentaire mondiale est perdue ou gaspillée chaque année. Ce gaspillage exerce une pression inutile sur les ressources et contribue aux émissions de gaz à effet de serre. Réduire le gaspillage serait une solution cruciale pour améliorer la sécurité alimentaire.

Impact positif de l’allaitement : La consommation de lait maternel est plus économe que le lait artificiel : pas de surplus à jeter, c’est de la production alimentaire la plus ingénieuse qui livre selon les besoins, «just in time».

Conclusion

Pour faire face à ces menaces, des mesures telles que l’adoption de pratiques agricoles durables, la promotion d’une alimentation équilibrée, la réduction des pertes alimentaires, et l’adaptation aux changements climatiques seront essentielles.

Suite à cette prise de conscience, il évident que l’allaitement fait intégralement partie des mesures à prendre pour faire face aux différentes menaces.

GIFA Contact : info@gifa.org Responsable de ce document : Britta Boutry-Stadelmann

Genève, 18 novembre 2024/révisé le 20 novembre

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