En Suisse, la loi sur le travail protège l’allaitement en cas d’activité professionnelle de la mère pendant la première année de vie de l’enfant. Depuis 2014, date à laquelle la Suisse a signé la convention 183 de l’OIT, le temps consacré à l’allaitement ou à l’expression du lait est considéré comme du temps de travail rémunéré.
Où en sommes-nous en 2024 ? Le champ d’application de la loi sur le travail autorise encore trop d’exceptions et ne s’applique donc pas à toutes les travailleuses. Le Conseil fédéral vient de donner un signal important à ce sujet : dans sa réponse à la motion 23.4282 de Manuela Weichelt (1), le gouvernement affirme que le droit à des pauses d’allaitement payées, inscrit dans la loi sur le travail, doit être accordé à toutes les travailleuses en Suisse.
Aujourd’hui encore, de nombreuses mères arrêtent d’allaiter après leur congé de maternité parce qu’elles ne savent pas comment concilier travail et allaitement, et toutes les travailleuses ne sont toujours pas informées de manière exhaustive de leur droit.
Le secrétariat d’état à l’économie SECO mène actuellement en 2024 une campagne (2) «Allaiter au travail» dans ce sens pour marquer les 10 ans de la loi de 2014. Le SECO renforce justement la communication autour du soutien à l’allaitement sur le lieu du travail et souhaite attirer l’attention des employeurs sur leur devoir d’information et d’assistance en lien avec l’allaitement ou l’expression du lait au travail.
GIFA encourage toutes les entreprises à contribuer à cet effort afin de permettre aux femmes qui désirent allaiter de mener à bien leur projet et que les problèmes de comment allaiter quand la femme retourne au travail pèse moins dans la décision d’allaiter ou pas allaiter. Les entreprises en retirent également des bénéfices :
C’est bon pour l’entreprise
Productivité
Le bilan d’une entreprise (3) et une étude de 2013 sur plusieurs pays montrent que l’allaitement n’est pas un obstacle à la productivité, bien au contraire, il l’augmente.(4)
Fidélisation
Les études montrent que les femmes sont susceptibles de rester plus longtemps dans leur emploi sur le long terme si elles peuvent allaiter au travail, ce qui est un bon moyen de retenir les travailleuses qualifiées.
Favoriser l’allaitement chez les employées n’occasionne que des coûts limités pour les employeurs, au niveau du temps de l’employée et des infrastructures nécessaires.
Laura Addati (5) cite l’exemple du Département de l’électricité et de l’eau de Los Angeles, qui fournit un programme complet d’allaitement pour aider ses employées, avec des salles d’allaitement et un horaire flexible.
Dans des pays comme la Belgique et l’Estonie, les pauses destinées à l’allaitement maternel sont couvertes par l’assurance sociale et des fonds publics. Cela signifie que les employeurs ne sont pas directement concernés par le processus. De telles mesures participent à une meilleure égalité homme-femme au travail.
Moins d’absentéisme
Depuis l’introduction de ce programme, les demandes de remboursement de soins de santé ont baissé de 35 %, 33 % des nouvelles mères ont repris le travail plus tôt que prévu, le taux d’absentéisme a baissé de 27 % et 67 % des femmes prévoient de rester dans l’entreprise à long terme.
Des progrès ont été réalisés également dans les pays en développement. Laura Addati évoque l’exemple du Mozambique:
«Des employeurs et des employées de l’industrie du tourisme mozambicain ont bénéficié d’un de nos programmes d’amélioration des conditions de travail, incluant la protection de la maternité», explique-t-elle. «Il était impressionnant de constater l’enthousiasme des employeurs qui voyaient les avantages en terme de réduction de l’absentéisme et de maintien de leur personnel à long terme après avoir décidé de mettre en place des salles d’allaitement.»
Des pays comme les Philippines commencent aussi à étendre la protection de la maternité et notamment les aménagements pour l’allaitement aux travailleuses domestiques informelles et aux travailleuses occasionnelles. D’autres pays comme l’Inde fournissent des transferts monétaires aux femmes enceintes et aux mères qui remplissent certaines conditions, dont l’allaitement.
C’est bon pour la santé des femmes
Les bénéfices pour la santé de la femme qui allaite sont nombreux : allaiter est un facteur préventif contre le cancer de l’ovaire, certains cancer du sein, le diabète, l’obésité, les maladies cardio-vasculaires, l’hypertension, la dépression, l’anémie etc.
C’est bon pour les finances
Un volet non négligeable : les économies réalisées grâce à un meilleur état de santé de la femme et de son enfant.
Chaque année, le manque de soutien concerté des gouvernements du monde entier à l’allaitement maternel coûte à l’économie mondiale plus de 570 milliards de dollars. Un outil permet de le mesurer. (6)
Références
1) https://www.parlament.ch/fr/ratsbetrieb/suche-curia-vista/geschaeft?AffairId=20234282
5) Laura Addati, spécialiste de la protection de la maternité et de l’équilibre entre vie familiale et professionnelle à l’OIT
6) https://www.aliveandthrive.org/en/news/what-a-lack-of-breastfeeding-support-is-costing-the-world
#allaitementautravail #travailetallaitement #allaiterettravailler #travailleretallaiter #tire-allaitement #tireallaiter #momentmagique #allaiterettravaillerestpossible allaiterpartouttoutletemps