Accueil > Publications > Les nouvelles normes de croissance de l’OMS – Allaitement Actualités 42-43

Dès le début des années 1990, il était devenu clair que les courbes de croissance recommandées par l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) et adoptées par de nombreux pays, étaient inadaptées. Ces courbes avaient été élaborées par le Centre national de statistiques sanitaires (National Centre for Health Statistics, NCHS) aux États-Unis à partir de différents échantillons d’enfants nord-américains. Elles suscitaient des réserves parce que les mesures avaient été prises sur de grands intervalles d’âge et parce que les techniques de leur élaboration étaient dépassées. Mais surtout, il fallait établir une nouvelle courbe de croissance parce que la plupart des nourrissons faisant partie du groupe de référence original avaient été alimentés au lait artificiel dès leur naissance.

La croissance de ces bébés se démarque très nettement, pendant les premières années, de celle de nourrissons allaités et en bonne santé. On sait notamment que les nourrissons alimentés artificiellement ont, à partir de l’âge de 3-4 mois, une prise de poids beaucoup plus rapide que les bébés allaités. Ainsi, selon les courbes de croissance du NCHS, les nourrissons allaités montrent souvent des signes de retard à partir de l’âge de 3-4 mois. Ceci pose problème dans la mesure où une interprétation stricte des courbes par les parents et le personnel de santé conduit souvent à décider d’introduire du lait de supplément en plus du lait maternel pour accélérer la prise de poids. On connaît bien les conséquences de l’introduction d’aliments artificiels : l’allaitement maternel diminue et souvent il est abandonné, ce qui empêche les mères et les nourrissons de profiter de ses bienfaits. Dans les pays à bas et à moyens revenus, cette décision peut déterminer la mort ou la survie du nourrisson. Il était donc devenu clair que la courbe de croissance que nous utilisions était potentiellement dangereuse.